Arimiyao TCHAGNAO : « La liberté de presse existe bel et bien dans notre pays…»
La question occupe depuis quelques jours, le devant des
débats. La liberté de presse est-elle en souffrance au Togo, surtout au cours
de ces derniers 12 mois ? Des professionnels des médias ont récemment soulevé
le débat et exigé la révision de certains articles du nouveau Code de la Presse
et de la communication qui, pour eux, sont attentatoires au libre exercice du
métier de la presse au Togo. Qu’en pensent le Conseil national des patrons de
presse (CONAPP) et son patron, Arimiyao TCHAGNAO? Dans une interview accordée à
l’Agence de presse AfreePress, le président du CONAPP estime que le Togo est un
pays où la liberté de presse et d’expression est garantie. Le pays selon lui,
compte parmi les rares nations au monde où le délit de presse est dépénalisé. «
La loi qui nous régit actuellement vise avant tout à nous amener à plus de
rigueur dans le traitement des informations avant leur publication. Ce qu’il y
a d’intéressant concernant cette mesure, c’est le fait qu’elle n’interdit pas
au journaliste d’utiliser les réseaux sociaux de façon systématique. En
revanche, elle le rappelle à plus de professionnalisme quand il veut passer par
ces canaux en lui disant oui vous pouvez oser mais soyez sûr de ce que vous
avancez», a-t-il laissé entendre.
Lisez plutôt.
AfreePress
: Bonjour M. Arimiyao TCHAGNAO. Vous êtes le président du Conseil
National des Patrons de Presse (CONAPP), vous avez sorti un communiqué la
semaine dernière dans lequel vous affirmiez qu’il était nécessaire de revoir
certains articles du Code de la presse et de la communication en vigueur au
Togo. Qu’est-ce qui peut motiver un tel souhait sachant que ce code est entré
en vigueur il y a seulement quelques temps ?
Arimiyao TCHAGNAO :
Merci pour l’opportunité que vous m’offrez de parler de cette question qui tient à cœur les
professionnels des médias de notre pays en ce moment et qui, également,
intéresse l’opinion.
Avant de répondre à
votre question, permettez-moi avant tout de relever que le Togo compte parmi
les rares nations où le délit de presse est dépénalisé.
Cet acquis est une
réalité que le journaliste togolais vit depuis 2004.
Depuis lors, aucune
autre disposition n’a contredit ce principe sacrosaint qui classe notre pays
parmi les références du monde dans ce domaine.
Je voudrais aussi faire
remarquer que le Togo reste à ce jour, ce pays dans lequel, le journaliste se
sent libre dans l’exercice de ses fonctions.
Vous conviendrez avec
moi que les micros des radios ainsi que les caméras des télévisions sont bien
ouverts à ceux d’entre nous qui souhaitons participer à des émissions. Au cours
de ces émissions, nous disons tout sans tabou.
Lequel d’entre nous a
été inquiété au sortir d’une émission animée sur une radio traditionnelle? De
même, il faut faire remarquer que c’est en toute liberté que nous exerçons sur
les supports de Presse papier et sur les sites légalement déclarés sans en être
inquiétés.
Maintenant en ce qui
concerne nos motivations à demander une révision de certains articles du code,
la principale motivation porte avant tout sur l’arrestation et l’emprisonnement
récents de deux de nos confrères. Des confrères qui ont animé une émission sur
un canal qui n’est pas pris en compte dans notre code comme étant un média.
Quoique cela a des
répercussions sur nous, c’est en réalité ce que dit la loi qui nous régit
actuellement et nul n’est censé ignorer celle-ci. Au fond, cette mesure vise
avant tout à nous amener à plus de rigueur dans le traitement des informations
avant leur publication. Ce qu’il y a d’intéressant concernant cette mesure,
c’est le fait qu’elle n’interdit pas au journaliste d’utiliser les réseaux
sociaux de façon systématique. En revanche, elle le rappelle à plus de
professionnalisme quand il veut passer par ces canaux en lui disant oui vous
pouvez oser mais soyez sûr de ce que vous avancez.
Aucun journaliste en
réalité ne serait inquiété s’il utilise un réseau social à bon escient, en ce
sens qu’il ne diffame personne et dit ou écrit des faits exacts et vérifiables.
A la suite de ce
mauvais temps pour les amis et donc pour nous tous, le débat sur la question de
la révision de ces articles semble dominer la toile et nous, en tant que Patron
des Patrons, nous ne saurions nous taire.
Notre sortie n’avait
pas forcément pour but d’imposer une réforme ou un toilettage du nouveau code
qui nous régit mais, de veiller à introduire dans ce code, des dispositions qui renforcent la pédagogie
recherchée afin de mettre tout le monde à l’abri des surprises désagréables.
Certes, nous avons un
code consensuel du fait que tous les acteurs avaient dans le temps, eu un
plateau pour dire avec toute la rigueur et en toute responsabilité, ce qui va
bien et ce qu’il ne fallait pas tolérer. Mais la mauvaise foi ou la négligence
à pris le dessus. Nous avons laissé avancer sans rien dire. Nous avons laissé
faire. Nous sommes alors complices de bout en bout. On me dira que nous avons
fait des amendements qui n’ont pas été
pris en compte mais nous n’avons pas réagi en ce temps comme nous sommes en
train de le faire aujourd’hui.
Nous sommes complices,
nous ne pouvons pas clamer une innocence aujourd’hui. C’est pour cela que nous
sommes d’accord qu’on demande une relecture du code mais pas en radicalisant
nos positions. Dans tous les secteurs, les acteurs peuvent à un moment donné
souhaiter, au regard des faits et des réalités de terrain, revoir les textes
qui régissent leur fonction et c’est normal.
Mais on le fait en y associant tous les partenaires. Dès l’instant que
ce code a été élaboré de façon consensuelle avec le concours de tous les
acteurs, nous ne saurons nous dissocier de ceux-ci pour provoquer une quelconque
réforme. Cela doit relever à nouveau d’un consensus et c’est ce que nous avons
souhaité à travers notre communiqué. La recherche de ce consensus va forcément
créer un débat où chacun aura à clarifier ses positions pour le bien de tous.
AfreePress : Dites nous clairement monsieur le président, si vous pensez qu’il
y a dans notre pays une véritable liberté de presse. Beaucoup de personnes
estiment que les libertés sont bâillonnées au Togo avec le nouveau code.
Arimiyao TCHAGNAO : Je crois qu’il faut que chacun fasse l’effort d’être
objectif dans ce qu’il avance. Nous sommes au Togo, nous vivons des réalités
que nous n’avons pas le droit de torpiller ni de nier malhonnêtement.
Pointez-vous un matin à un point de vente des journaux, lisez les titres.
Achetez quelques
journaux qui retiennent votre attention, lisez-les et vous vous ferez l’opinion
juste qui convient. Vous comprendrez de vous-mêmes s’il y a liberté de presse
ou non au Togo. Si cela ne vous suffit pas,
écoutez les différentes émissions à la radio, à la télé ou sur des Web
tv , cela vous édifiera davantage sur cette liberté de presse au Togo. Pour le
reste, comment comprendre que pour à peine 7 millions d’habitants, le Togo
puisse compter plus de 400 titres de presse écrites, plus de 30 sites réglementaires,
une soixantaine de radios et 12 télés avec une Haute autorité de l’audiovisuel
et de la communication qui continue de donner régulièrement des récépissés?
La liberté de presse
existe belle et bien dans notre pays. Il nous faut savoir exploiter cette
dernière et nous nous en sortirons mieux.
AfreePress : Un conseil aux confrères ?
Arimiyao TCHAGNAO :
Je voudrais passer par votre tribune pour féliciter les journalistes togolais
qui font du bon travail, malgré les conditions tout à fait difficiles. Je voudrais
ensuite nous encourager et nous appeler à faire davantage preuve de
professionnalisme dans nos différentes productions. Nous devons nous imposer
cette rigueur qui nous amènera à nous remettre en cause à chaque fois que nous
voulons travailler.
Enfin, je reste
persuadé que c’est ensemble avec tous les partenaires, que nous parviendrons à
nous réaliser et à réussir les défis qui sont devant nous.
J’exhorte donc les uns
et les autres à la rigueur professionnelle qui nous confère le respect dont
nous avons besoin dans l’exercice de notre métier parfaitement noble et même
sacré dans une démocratie.
Source :
afreepress
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